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Qu’est-ce que ça fait d’être trentenaire aujourd’hui dans la grande Caraïbes, spécialement en Haïti. Pour le savoir, nous avons questionné Alexandra Sophie Normil. Pétillante et heureuse, elle a répondu à nos questions sans langue de bois. Un coup d’œil dans l’univers de cette trentenaire haïtienne.
Parle-nous un peu de toi, de ton parcours universitaire et professionnel ?
Je suis Alexandra Sophie Normil. Je suis une femme. Je participe à mon niveau à la lutte pour les droits des femmes en Haïti. Je ne fais partie d’aucunes organisations ou mouvements féministes, mais à mon niveau, j’essaie d’y contribuer. J’ai une agence qui est un projet en maturation. Sophie-Stiquée, une agence de formation, de coaching et de motivation qui a pour objectif d’aider les femmes à renforcer leur confiance en elles-mêmes à travers des ateliers de formation. Toutes les activités de l’agence vont graviter autour de cette ambition, encourager les femmes à avoir, ou à reprendre leur confiance en soi. Nous aurons des formations sur le protocole, l’étiquette vestimentaire, l’étiquette de table, le développement personnel, l’entrepreneuriat, la communication interpersonnelle et la motivation, etc.
J’ai un diplôme en journalisme, que je n’utilise pas. Mais c’est un métier qui me passionne. J’ai une licence en marketing, management et relations publiques et je finalise un diplôme en diplomatie et relations internationales au Centre d’Études Diplomatiques Internationales (CEDI).
Pour mon parcours professionnel, j’ai travaillé quelques années dans une entreprise qui construisait des châteaux d’eau, ensuite, j’ai travaillé comme responsable du bureau d’emploi chez les Sœurs Salésiennes de don Bosco. Je devais rechercher des stages pour les filles après leurs formations professionnelles. Après, j’ai rejoint un cabinet d’avocat où j’ai passé 3 ans en tant qu’assistante administrative.
Actuellement, je travaille au ministère des affaires étrangères où je suis attaché à la direction des institutions internationales, congrès et conférences.
Te considères-tu épanouie dans ton travail ?
Oui, je me considère épanouie dans mon travail. Mes études sont en adéquation avec mes missions du quotidien. C’est un beau plus. J’ai aussi la chance de travailler avec des gens assez intéressants et ouverts. L’épanouissement n’est pas statique, elle est en constante évolution.
Quelles sont tes passions ? ce que tu fais pendant ton temps libre ?
J’aime la musique. Elle m’aide beaucoup pour faire face à certaines sautes d’humeur du quotidien. Je lis de temps en temps et j’essaie de passer du temps avec mes amies, pour rire, discuter librement, parler des hommes et d’autres choses de la vie.
Qu’est-ce que ça fait d’’avoir 30 ans en Haiti actuellement ? Quels sont les défis auxquels tu fais face ?
Avoir 30 ans en Haïti, actuellement, n’est pas facile. Quand on était plus jeune, on avait un certain regard sur la trentaine. On avait même tendance à idéaliser cette tranche d’âge. Dans notre tête, un trentenaire était quelqu’un d’accompli ou qui était sur ce chemin-là. Aujourd’hui, certaines personnes qui se rapprochent de la trentaine tombent en dépression quand elles n’arrivent pas à cocher les cases qu’un trentenaire est sensé cocher. À titre d’exemple, avoir un travail, une famille, et probablement des enfants.
Le contexte socioculturel fait qu’il y a des projets ou des rêves qu’on avait envie de réaliser, qu’on ne peut pas réaliser parce que le contexte est difficile. L’inflation continue sa courbe, il y a beaucoup d’inquiétudes. Il y a également beaucoup d’incertitudes par rapport à l’avenir. On se demande, où est-ce qu’on sera dans 5 ans ou plus et on n’a pas la réponse à cette question.
Avoir 30 ans en Haïti actuellement, c’est se regarder dans un miroir et se dire qu’on n’est pas là où on voulait être dans sa vie. On aurait aimé être plus loin.
Personnellement, en termes de défis. Il y a la pression des parents et de la famille qui ont hâte que je me marie ou que j’ai un enfant. Je ne les considère pas comme des défis parce que je n’ai pas encore ces projets dans mon agenda. Donc, je ne laisse pas ça m’atteindre. Mais des fois, je trouve cela dommage de mettre le focus sur cette partie de ma vie, alors que j’ai d’autres objectifs professionnels qui à mon sens méritent de l’attention, mais la manière dont la société est construite fait que pour qu’une femme soit accomplie, il doit y avoir un mari et des enfants dans l’équation. D’un autre côté, si on est lucide, avoir un enfant aussi n’est pas envisageable dans les conditions dans lesquelles nous vivons en Haïti. Je n’ai pas envie de faire subir ça à un enfant.
Quel est l’impact de la situation du pays sur toi, ton épanouissement ?
Le fait de ne pas pouvoir mettre à jour mes projets. L’insécurité politique et économique impactent toutes les activités du pays. J’aimerais lancer mon agence, mais les conditions ne sont pas réunies pour cela. Dans ce climat d’insécurité, se déplacer est devenu trop difficile.
Aujourd’hui, sortir devient un défi. Il y a beaucoup d’endroits que je ne peux pas fréquenter à cause de l’insécurité. Je ne peux pas fréquenter un espace de coworking pour travailler sur mes projets et me faire aider. Car trop de quartiers à Port-au-Prince deviennent infréquentables.
Je fais partie d’un club de toasmastters, nous ne pouvons pas nous réunir en présentiel. Nous sommes dans l’obligation de nous réunir sur Zoom.
Est-ce que tu ressens la pression de la société sur un aspect de ta vie ? Sois ta vie sociale, amoureuse ou familiale ? Si oui, comment tu gères cette pression ?
Aujourd’hui, j’ai mon propre agenda. J’essaie de ne pas me laisser envahir par la pression et les attentes de la société, ou de ma famille à mon égard. Je sais ce que je veux, j’ai mes propres priorités. Je vais continuer à suivre ma route.
Que sais-tu à 30 ans, que tu ne savais pas à 20 ans ?
J’ai découvert beaucoup de capacités chez moi, que je ne me soupçonnais pas d’avoir. J’ai un autre état d’esprit aujourd’hui, je vois mon épanouissement autrement. Il y a des complexes que j’avais dans la vingtaine, que je n’ai plus. Il y a certaines choses que j’acceptais autrefois, que je n’accepte plus aujourd’hui. Il y a beaucoup de choses que j’essaie de déconstruir dans ma tête. À 30 ans, je sais que j’ai le choix.
Comment envisages-tu l’avenir ?
Je vis dans l’instant présent. Je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. J’essaie de préparer mon avenir en posant de bonnes actions dans l’instant présent. J’essaie de prendre soin de moi, me faire plaisir de temps en temps, faire ce que j’aime, m’aimer et aimer mon entourage.
C’est quoi etre libre pour toi ?
Liberté est un mot que j’aime tellement. Je commence vraiment à me rendre de ce que la liberté charrie comme mot, comme manière de vivre. Pour moi, c’est être libre de tout. Ne pas être enchaîné dans son esprit et dans sa tête. Ne pas s’enraciner dans une manière de penser, être prêt à changer, à évoluer. Être libre pour moi, c’est d’avoir un esprit ouvert. De pouvoir respecter le point de vue des autres, leurs principes et leurs valeurs. De respecter la différence et le parcours des autres. Être libre, c’est ne pas suivre le courant, mais de suivre son cœur. En Gardant, l’essence de qui l’on est.
La liberté, c’est osé être soi.
Propos recueillis par Soucaneau Gabriel
Je suis tellement fière de toi Alexandra!
C’est tellement vrai
Trop fière de Toi Alex 🥰bien dit il faut oser être libre 🙌La trentaine c’est la belle vie ma chère jouissons grandement et pleinement 🥂♥️