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Kandida Muhuri est actuellement Cheffe de projet éditorial au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Passionnée par son travail, elle nous fait une visite guidée de son métier et de ses défis du quotidien.
Merci à vous de m’avoir proposé cet entretien malgré mon âge avancé. Car à 39 ans, je ne serai bientôt plus une trentenaire.
Bien sûr.
J’ai grandi en région parisienne où j’ai passé un bac STI Arts Appliqués. À 18 ans, je me suis inscrite à la Sorbonne pour préparer une licence de Cinéma. Je n’avais pas une idée très précise de ce que je voulais faire à l’époque, mais les métiers de l’image m’intéressaient beaucoup. Juste après ma licence, j’ai eu envie de faire du photoreportage donc j’ai passé un BTS photographie en alternance. J’ai beaucoup appris. Et beaucoup aimé aussi car cela m’a permis de découvrir le milieu de la presse. En effet, j’ai travaillé deux ans en alternance au sein du groupe Cosmopolitan pour valider ce BTS. Une fois ce diplôme en poche, je suis partie découvrir le monde en tant que photojournaliste indépendante ou pour le compte de France : j’ai eu la chance de travailler au Brésil, en Afrique du sud, en Pologne, en Lituanie, en Lettonie, etc …. Cette période de ma vie a été merveilleuse et riche en découvertes. J’ai alterné les voyages personnels, professionnels et les périodes de chômage pendant 2 ans avant de me rendre à l’évidence : il me fallait trouver un boulot plus rémunérateur car la presse est un secteur en crise et je n’arrivais pas à joindre les deux bouts. J’ai donc accepté un travail en tant que chargée de communication pour le maire d’une ville de banlieue et là ça a été une révélation ! La communication publique et politique m’a tout de suite passionné. J’aime l’idée d’œuvrer pour le bien commun et le service public. Ça donne du sens à mon engagement. Et c’est passionnant. J’ai poursuivi dans ce secteur pendant 10 ans mais sans formation spécifique car totalement autodidacte.
En 2020, à 37 ans, je décide donc de reprendre le chemin de l’école. Je postule à Sciences Po pour passer un master en communication. Ça a été une période très intense car je suivais les cours en parallèle de mon emploi et … de ma grossesse ! Car oui, j’ai aussi eu la très bonne idée de tomber enceinte durant cette même période. Je me revois assister aux cours par visio avec mon petit bébé de 7 jours dans les bras ! Une folie ! Mais je ne le regrette pas. Ça m’a ouvert d’énormes opportunités que j’ai pu saisir dans la foulée de mes études car juste après, j’ai pu intégrer le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères en qualité de cheffe de projet éditorial. Et j’adore mes missions.
Donc voilà, mon parcours est assez sinueux mais j’en suis fière car il m’a donné l’opportunité de découvrir de nombreux domaines qui s’enrichissent les uns les autres.
Il n’y a pas d’études type. Mais pour travailler aux Affaires étrangères, il est important de maîtriser des langues étrangères et de s’intéresser aux relations internationales.
J’aime les métiers de la communication parce qu’ils évoluent tout le temps. Les réseaux sociaux ont complètement changé nos façons de travailler. J’aime aussi l’idée de promouvoir des valeurs et des idées plutôt que de vendre des produits, par exemple. C’est ce qui m’anime.
Et puis en tant que cheffe de projet éditorial, je me vois comme une conteuse d’histoires. J’ai un message à faire passer, une idée à faire comprendre, une histoire à raconter, comment est-ce que je fais ? Quels mots je choisis, quelle écriture je préconise entre l’écrit, la photo, la vidéo, le dessin, … C’est passionnant.
Pas de journée type ! Ça change TOUS LES JOURS. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères c’est un peu le ministère des crises. En ce moment, toutes nos équipes sont très mobilisées par la guerre en Ukraine. Mais en fonction de l’actualité, toutes nos priorités peuvent évoluer très vite.
La plupart du temps, les sujets s’imposent d’eux-mêmes. Ensuite il faut trouver le meilleur angle. Souvent on propose un contenu adapté à cet angle et on le soumet à nos autorités qui le valident (ou non) sur le plan politique et technique. En fait on travaille avec tout le monde, toutes les directions. Et on s’appuie sur le travail extraordinaire qui est réalisé au quotidien par nos collègues communicants qui sont en charge de la production graphique, de la réalisation de photos ou de vidéos, d’animation des réseaux sociaux. Et puis on s’adresse à des millions de personnes en France et à l’étranger. C’est une organisation colossale.
L’idée que j’œuvre en faveur du bien commun. Ça me permet de me sentir utile.
J’aime aussi travailler dans un cadre multiculturel et tourné vers l’international. Mes collègues viennent de partout dans le monde. Dans les couloirs et dans les bureaux on peut entendre parler italien, hindi, arabe, etc … C’est fascinant.
Ce que j’en garde aujourd’hui ? Le goût du changement et la capacité à m’adapter. C’est primordial quand on travaille dans un secteur comme celui-ci où il ne faut jamais arrêter d’apprendre et de se former.
Alors, là, c’est la question à laquelle je n’ai pas de réponse. J’aimerais pouvoir me dire que je réussis dans ces deux domaines mais au quotidien, il faut arbitrer, négocier, et parfois même renoncer. Il y a des moments où je regrette de ne pas être restée plus tard au bureau pour concrétiser une idée et d’autres où je me reproche de ne pas être plus souvent à la maison avec mon bébé. C’est le quotidien de millions de personnes. Je crois que la clé c’est d’être bien accompagnée. Au bureau et dans la vie. J’ai la chance de travailler au sein d’une équipe géniale qui assure et à la maison, j’ai la joie de partager ma vie avec quelqu’un d’ambitieux et d’intelligent qui comprend et soutient mon besoin de m’épanouir professionnellement et qui s’organise pour que l’un comme l’autre, nous puissions explorer nos opportunités.
Excellente question. Avec le Covid, la question de la santé est revenue au premier plan. C’est une thématique qui me parle, évidement, donc j’essaye de parler de plus en plus avec mon entourage, mes collègues. Je crois que dans la vie comme au travail, il faut prendre soin des autres. Savoir écouter, savoir parler aussi. Etre authentique. C’est comme ça qu’on se rend compte que nous sommes nombreux à traverser les mêmes tourments. C’est alors plus facile de les affronter. Bref, pour préserver sa santé mentale et celle de son entourage pro et perso, je crois à la vertu de la parole (surtout si elle est authentique et bienveillante).
De tout essayer. Le meilleur moyen de se faire une idée d’un métier c’est de le vivre, un peu. Faites des stages, rencontrez les professionnels des secteurs qui vous intéressent et surtout, n’ayez pas peur de vous tromper. On peut se réorienter à tout âge donc pas de pression.
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Propos recueillis par Soucaneau Gabriel.