Websder Corneille, Chargé des communications à RaccourSci

Avec RaccourSci, plateforme francophone de communication scientifique, Websder Corneille a pour mission de vulgariser le savoir scientifique à différents publics. Une plateforme à découvrir, un métier de communicant à mieux appréhender.

1. Bonjour Websder, merci d’avoir accepté cet entretien. Comment allez-vous ? 

Websder Corneille : Je vais bien, merci. Permettez que je vous remercie de m’avoir permis de participer à cette rubrique très riche.

2. Pouvez-vous nous parler de vous, de votre parcours universitaire et professionnel ? 

Websder Corneille : J’ai démarré cette année une formation de deuxième cycle en Psychologie sociale à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti. Parallèlement, j’occupe les fonctions de chargé des communications de la plateforme numérique de communication scientifique, RaccourSci, et responsables des réseaux des Clubs Leaders Étudiants Francophones (CLÉF) de l’Agence universitaire de la Francophonie dans la Caraïbe. Avant, j’étais chargé national des communications de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Agriculture et l’Alimentation (FAO). Je m’arrête ici, sinon les gens peuvent se rendre sur mon profil LinkedIn pour lire mon portfolio (rires). 

3. Pouvez-vous nous présenter RaccourSci et ses missions ? 

Websder Corneille : RaccourSci est une plateforme francophone de communication scientifique dont l’objectif consiste à outiller les chercheurs pour mieux communiquer les sciences aux différents publics. Développée par AUF et Acfas, elle contient, dans la rubrique Astuces, des contenus originaux sous forme de top 5, top 10 qui sont des conseils prodigués en faveur de ceux qui souhaitent améliorer leurs compétences et leurs façons de faire une communication scientifique, par exemple, lancer un blog scientifique, un podcast, savoir comment rédiger un mémoire d’études, etc. Un programme de formation en communication scientifique dénommé Parcours, permet aux intéressés de s’initier à la communication des sciences. Enfin, la rubrique Ressources qui un catalogue de contenus sur la vulgarisation scientifique publiés par des universités, des blogs scientifiques, et qui sont repris par la plateforme. 

4. En tant que chargé des communications, quelles sont vos missions ? Pouvez-vous nous décrire une journée type ? 

Websder Corneille : Mon rôle consiste à traîner un bâton de pèlerin pour faire connaître la plateforme auprès des communicateurs scientifiques, ou tous ceux qui s’inscrivent dans la démarche de promotion des sciences. Comme pour tout communicateur, la création de liens, de réseaux est une étape cruciale pour faire bouger les lignes et atteindre de meilleurs résultats. Du coup, après l’exécution des tâches administratives, je me réveille dans le but de faire une nouvelle découverte/connaissance, me connecter avec de nouveaux doctorants ou des écoles doctorales parce qu’ils constituent nos cibles privilégiées (d’ailleurs, nous les appelons les acteurs de la relève). Donc, ma journée de communicateur se passe entre les suivis administratifs, et la recherche de nouvelles pistes de collaboration pour RaccourSci. Il faudrait préciser que cette question s’arrête au niveau professionnel, et ne tenait pas compte de l’aspect familial, sinon, ce serait ma famille en premier (rires). 

J’y ajoute que ma mission est de mettre en œuvre la stratégie de communication de RaccourSci que j’ai rédigée moi-même, parce qu’elle n’existait pas avant. J’ai créé l’infolettre de la plateforme, travaillé sur la plaquette, préparé les éléments graphiques que vous observez, joué le rôle de community manager, entre autres. 

5. Qu’est-ce qui vous a attiré vers la communication ? 

Websder Corneille : Gagner plus d’argent (rires)! Peu de gens le savent, j’ai commencé ma carrière de communicateur en mai 2015, au sein de l’équipe de communication du Parti politique Haitien Tèt Kale (PHTK). Aucune fierté de le dire, mais la vérité doit se faire entendre. À cet instant, mon salaire a décuplé, par rapport à ce que je gagnais en tant que journaliste à Radio Vision 2000. 

Depuis, j’ai pris en main ma carrière de communicant, en cumulant les fonctions et les tâches. Maintenant, je peux dire que la volonté de contribuer à l’amélioration de l’image d’une institution m’importe vraiment, et toujours fier d’apporter ma pierre à l’édifice. Je cherche de plus en plus à étendre ma carrière à l’international. 

6. Quels sont, selon vous, les défis de la communication aujourd’hui ? 

Websder Corneille : Beaucoup, mais je reste, tout d’abord, à la concurrence. J’ai l’impression que les plateformes se regardent, tellement il y a des similarités entre elles (rires). Quand cinq plateformes proposent des contenus aussi pertinents que la tienne, et visent les mêmes cibles, la tâche devient titanesque d’imposer votre marque et renforcer la confiance de votre audience. Oui, la confiance, et c’est bien ça ! Quelle plateforme de communication scientifique n’a pas envie d’être régulièrement citée sein des établissements d’enseignement supérieur et de la recherche? La confiance se construit, dit-on, et c’est vrai. Et j’ai l’impression qu’elle s’agrandit avec la pertinence des contenus publiés, le calibre des auteurs…et qu’elle doit être sous une extrême surveillance parce qu’elle peut se perdre d’un moment à l’autre. 

7. Comment voyez-vous l’évolution de la communication aujourd’hui, avec l’arrivée des outils comme Tchat GPT et d’autres outils d’intelligence artificielle ? 

Websder Corneille : L’IA fait déjà de la place parmi nous. Pensons aux assistants vocaux sur les téléphones intelligents comme SIRI, Alexa. Et les gestionnaires de communautés utilisent de plus en plus des chatbots pour interagir avec les utilisateurs. La bonne nouvelle, c’est que l’IA ne peut pas encore éviter la distorsion, ce qui rend encore indispensable la gestion humaine de la communication. 

8. Sur Trentenaire, nous sommes très sensibles à la santé mentale de nos interviewés. Est-ce une thématique qui vous parle ? Prenez-vous soin de votre santé mentale ? 

Websder Corneille : Bien sûr ! D’abord, parce que j’ai une formation en psychologie, donc elle ne m’aurait pas laissé indifférent. Mais, de manière plus pratique, je vis dans des conditions d’instabilité en Haïti où l’on devrait faire face à des imprévus (presque) au quotidien. On est toujours dans l’hypervigilance, on a peur de celui qui marche à notre côté alors que le pauvre, lui, se soucie de regagner ses pénates le plus vite que possible. On se réveille un bon petit matin avec la nouvelle qu’un proche a ete victime d’un viol, sequestration, etc. Donc, c’est difficile de maintenir de l’équilibre dans cette situation de grande frustration. Oui, j’en prends soin à ma manière en essayant de garder contact avec des psychologues-amis, leur exposer mon désarroi, même si parfois, on se rend compte que l’interlocuteur en a bien besoin de son côté. C’est comme un moribond qui conduit un malade. 

9. Sur le plan professionnel, que diriez-vous aujourd’hui à un jeune qui se cherche, qui ne sait pas encore quel métier choisir ? 

Websder Corneille : C’est toujours difficile de faire des suggestions. Je leur dirai tout simplement de se lancer. Si, par hasard, vous trouvez dès le début un métier qui vous passionne, et qui est conforme à vos prérogatives, c’est tant mieux. Sinon, lancez-vous! La passion prendra sa forme au fur et à mesure. 

Merci de votre disponibilité. 

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Propos recueillis par Soucaneau Gabriel.